Durant la pandémie, nous avons tous et toutes pris conscience des risques induits sur la santé mentale du personnel de l’université et des étudiant·e·s. Pour répondre aux diagnostics de détresse, nous avons organisé dans l’urgence une prise en charge psychologique gratuite pour l’ensemble des membres de l’université. (Cette offre a d’ailleurs pu être étendue à l’ensemble des membres – professeur·e·s et étudiant·e·s – de l’enseignement supérieur de la région Liégeoise avec le soutien du pôle Lge-Lxg). Au sein de l’ULiège, d’autres dispositifs ont renforcé l’offre d’aide psychologique : apprentissage de l’auto-hypnose, groupe de parole, astuces pour un travail à distance bien vécu, amélioration de la procédure de retour au travail, renforcement des équipes des personnes de confiance et des préventeurs psychosociaux. Mais le problème du mal-être dans l’enseignement existait bien avant le contexte de la pandémie.
La création en 2018 d’une compétence Bien-être au sein de l’équipe rectorale soulignait l’importance stratégique que je reconnaissais déjà à l’époque au bien-être professionnel et à la santé mentale. Avec l’aide des services compétents, un état de la situation a été réalisé : en 4 ans (2014-2018), le nombre de burn-out avait quasiment doublé et les affections psychiques devenaient la première cause d’absentéisme devant les TMS.
Les études sur le sujet montrent que plusieurs facteurs organisationnels sont en cause : lourdeur de la charge de travail, bureaucratie croissante, surplus d’étudiant·e·s, compétition pour les budgets, pour les promotions, manque de soutien, difficultés psychosociales des étudiant·e·s. Ces conditions favorisent en outre une sélection indirecte des étudiant·e·s : les très bon·ne·s étudiant·e·s restent au même niveau mais c’est le groupe médian, ceux et celles qu’on pouvait aider à s’améliorer, qui est désormais en chute libre. La solution passe donc par une amélioration globale des conditions de travail. Le dispositif d’accueil pour les nouveaux chargés de cours ainsi que les recommandations en terme de progressivité de la charge vont dans ce sens mais ne suffisent pas. Chaque année, le nombre d’étudiant·e·s augmente et les moyens ne suivent pas.
Ces dernières années, des financements complémentaires ont été octroyés via notamment l’aide sociale, l’aide à la réussite, l’orientation ou le plan de relance mais ces financements ont un caractère temporaire et ne permettent pas l’installation de projets pérennes.
La loi de financement des universités doit donc être revue de façon globale pour une vision à long terme.